Voilà qui est de la meilleure doctrine et Moreri commence par là son article: « S. PAUL Apôtre, le Docteur des Nations [...]. » Mais Hugo est entièrement original lorsqu'il fait de la conversion la condition et le moteur de tout progrès et l'est plus encore en liant, via saint Paul, le progrès à l'extension des espaces où se meuvent les hommes. Extension pleinement logique: si le progrès réside dans l'acceptation ou l'invention d'une idée qui nous était étrangère, il implique l'effacement des frontières et la dissolution des identités. Il y a là une vérité anthropologique profonde: l'homme est la seule espèce qui échappe aux nécessités darwiniennes -et à son éco-système- en se transformant elle-même au lieu de recevoir son être et ses conditions d'existence de la "nature". Dieu, ou de quelque autre nom qu'on le nomme, infini, absolu, idéal, est requis par cette anthropologie; il implique que le progrès soit indéfini, que rien ne dise à l'humanité: tu n'iras pas plus loin.